« La reine du champ de bataille, c’est le feu de l’artillerie »
Pour Yves Gächter, commandant de la Formation d’application des blindés et de l’artillerie, la combinaison des moyens est cruciale sur le champ de bataille. Au cœur de la conduite moderne du combat se situe à son avis le combat interarmes, qui fait interagir tous les systèmes et toutes les troupes.
Texte: Communication Défense, Mathias Müller (adaptation : Christian Bärtschi)
À une époque où les moyens militaires sont sans cesse remis en question, Yves Gächter prend clairement position en affirmant que « la reine du champ de bataille, c’est le feu de l’artillerie ». Par là, il n’entend pas seulement l’artillerie ou les canons des chars, mais aussi la capacité à produire des effets, à joindre les forces et à allier précision et détermination.
Par ailleurs, le commandant rejette la critique selon laquelle les chars seraient des reliques du passé : « Renoncer à la protection, à la mobilité et à la puissance de feu, ce serait se priver d’un élément central. » Il ajoute que la guerre en Ukraine montre à quel point disposer de forces blindées correctement déployées reste important.
Combiner les moyens pour réussir
Yves Gächter met la combinaison des moyens au cœur de sa réflexion : « C’est ensemble que nous obtenons des résultats. » Il explique qu’il s’agit d’accomplir une action coordonnée et non des performances individuelles. Selon lui, le champ de bataille moderne est comparable à un réseau ; pour survivre et défaire l’ennemi, il faut réfléchir, combattre et diriger ensemble.
Il souligne la responsabilité du commandement : « Combiner les moyens ne signifie pas que tout le monde fait la même chose, mais que chaque élément apporte ses forces au bon moment. » Il estime que les troupes mécanisées s’y prêtent particulièrement bien, puisqu’elles allient la mobilité à la puissance de feu et à la protection, à condition d’être bien dirigées, instruites et intégrées de manière judicieuse dans le système global. Pour Yves Gächter, cela ne va pas de soi : « Nous nous trouvons dans une phase de transition. L’armée doit à la fois se moderniser, s’intégrer et expliquer pourquoi elle est indispensable. » Le commandant fait remarquer qu’en temps de paix, il est particulièrement difficile de présenter le potentiel de l’armée en termes d’effets de manière crédible, mais qu’il est dangereux de ne le reconnaître qu’une fois qu’il est trop tard.
Un facteur clé : des militaires avisés
Qu’est-ce que cela signifie pour la Formation d’application des blindés et de l’artillerie ? Yves Gächter reste pragmatique : « Nous nous entraînons pour les situations de crise, tout en sachant qu’elles ne se produiront jamais comme prévu. » C’est pourquoi, selon lui, la maîtrise technique ne suffit pas ; il faut surtout des personnes capables d’improviser : « Je ne veux pas que des exécutants, mais des hommes et des femmes qui comprennent pourquoi il faut agir – et qui agissent. » Pour le commandant, une chose est claire : « Au XXIe siècle, il n’est pas seulement question de chars ou de drones, mais de personnes intégrées dans un système, de volonté, d’éthique et de discernement. »
Sa conclusion : « La reine du champ de bataille, c’est le feu de l’artillerie. Mais sans militaires avisés, même le feu le plus puissant ne sert à rien. »
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