Le commandement DEMUNEX est le centre de compétences de l’Armée suisse pour le déminage et l’élimination des munitions non explosées. Outre ses tâches d’instruction et de définition des fondamentaux et de la doctrine, il remplit surtout des missions de prévention des menaces en Suisse et à l’étranger. Il gère aussi la centrale d’annonce des ratés en Suisse. À l’étranger, il fournit les effectifs d’une équipe militaire EOD (Explosive Ordnance Disposal ou procédure d’élimination des munitions non explosées) pour la SWISSCOY au Kosovo et effectue des missions civiles de déminage pour l’ONU dans le monde entier. Le principal partenaire de l’Armée suisse dans ce contexte est le service de la lutte antimines de l’ONU, l’UNMAS (United Nations Mine Action Service). Les spécialistes du commandement DEMUNEX sont engagés surtout comme conseillers techniques, dans l’assurance-qualité, la formation ou la direction de projets.

Les candidates et candidats suivent une formation militaire approfondie pour pouvoir assumer un éventail de missions très large. Ils participent aussi au cours Humanitarian Mine Action pour assimiler les normes internationales de lutte contre les mines (International Mine Action Standards, IMAS) et pouvoir s’intégrer aux programmes de déminage humanitaire de l’ONU. Un examen final sanctionne ce cours en vérifiant le respect des exigences minimales.

L’ONU profite à plusieurs égards de la mise à disposition des spécialistes DEMUNEX, qui sont particulièrement qualifiés et polyvalents en comparaison internationale. Le plurilinguisme pratiqué en Suisse, auquel s’ajoutent des connaissances approfondies de l’anglais technique, est un atout dans ce contexte. Mais c’est surtout la préparation avant l’engagement qui fait la différence, sur le plan technique, en habilitant à anticiper les futures tâches à remplir et le futur rôle à jouer. Les spécialistes DEMUNEX arrivent dans le pays d’intervention en connaissant sa situation politique, géographique et historique, le cahier des charges du programme de déminage sur place et les normes nationales en vigueur. Le temps d’adaptation avant l’intervention est ainsi largement réduit.

Mais le commandement DEMUNEX bénéficie lui aussi des engagements de déminage humanitaire. Ceux-ci permettent en effet d’acquérir par exemple un savoir-faire à l’étranger qui enrichit le quotidien militaire et peut être transmis au retour lors de formations internes. Les missions d’élimination des munitions non explosées ne se déroulent généralement pas en situation de défense ou de combat, mais le plus souvent en temps de paix, parmi la population civile, ou sur d’anciennes places de tir et d’exercice redevenues publiques.

Pour une unité professionnelle militaire, le retour sur investissement se traduit également

• par la consolidation des connaissances des munitions étrangères en conditions réelles ; or, en tant qu’éléments de la première heure, les spécialistes de l’élimination des munitions non explosées peuvent être confrontés à des munitions d’origine étrangère non seulement à l’étranger, mais aussi en Suisse, comme le montre malheureusement la situation actuelle en Europe ;
  
  
• par l’approfondissement des compétences en matière de déminage, en y gagnant à la fois en qualité et en sécurité ; ces expériences bénéficient aux projets de déblaiement et d’assainissement d’anciennes places de tir en Suisse, réalisés selon des principes pratiquement identiques ;
  
  
• par le développement des capacités de résilience dans des conditions d’engagement éprouvantes ; les conditions de vie et de travail dans les zones d’intervention obligent souvent les spécialistes DEMUNEX à renoncer à leurs habitudes, à donner leur maximum dans des circonstances difficiles ;
  
  
• par l’accroissement de l’agilité et de l’autonomie dans l’accomplissement de la mission et la recherche de solutions ; pour éliminer des munitions non explosées tout en résolvant des problèmes et en gérant des risques, y compris dans des circonstances défavorables, avec des moyens limités et sans solution évidente de prime abord, il faut faire preuve d’une bonne capacité à improviser et à s’imposer ;
  
  
• par l’amélioration de l’interopérabilité dans un contexte multiculturel complexe ; le déminage humanitaire se déroule dans une situation de vulnérabilité où les protagonistes étatiques, civils et internationaux interagissent étroitement ; pour réussir, il faut savoir négocier habilement, comprendre les intérêts et les besoins des partenaires et les prendre en compte ; ces capacités sont tout autant importantes en cas d’engagement national, car l’Armée suisse n’agit pas seule, mais en partenariat avec les autorités civiles.

Pour durer dans le futur monde VUCA (acronyme de volatility, uncertainty, complexity, ambiguity, soit volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté en français), il faut être capable d’agir même quand la situation n’est pas claire. Les missions civiles dans un contexte humanitaire contribuent de manière essentielle à garantir et à accroître le niveau de compétences d’une unité militaire professionnelle. Ainsi, les spécialistes de l’élimination de munitions non explosées apprennent à garder la tête froide, à affiner leur analyse et à prendre les décisions qui s’imposent.