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InformationsPublié le 20 septembre 2024

Utiliser les smartphones des militaires comme capteurs : essai sur le terrain réussi

Au printemps 2024, le commandement Cyber a testé sur le terrain la possibilité d’utiliser les smartphones des militaires comme capteurs pour compléter l’image militaire de la situation. Les informations reçues ont été évaluées à l’aide d’une application d’intelligence artificielle. Dans un premier temps, l’essai sur le terrain a permis de tester le traitement des données de bout en bout et s’est révélé être un succès. Pour que ce projet innovant soit concrétisé au sein de la troupe, il reste encore des étapes à franchir.

En avril, le commandement Cyber a mené un essai sur le terrain avec la compagnie de militaires en service long de la brigade d’aide au commandement 41. Il s’agissait de tester l’utilisation des smartphones des militaires comme capteurs pour compléter l’image militaire de la situation, ceci sur une base volontaire et dans le respect des dispositions légales. Disposer d’une image complète de la situation, en particulier en cas de conflit, est indispensable à l’armée pour s’adapter rapidement aux circonstances et engager les moyens adéquats.

Le commandement Cyber a ainsi testé la plus-value que peut apporter une multitude de capteurs supplémentaires pour compléter une image de la situation. Son projet innovant soutient la mise en œuvre de la stratégie globale de la transformation numérique de l’armée.

Pendant l’essai sur le terrain, les militaires ont envoyé des données relevées avec leur smartphone (images, vidéos, textes) et des informations de géolocalisation à une adresse déterminée via Threema. L’essai a couvert trois activités : reconnaître, observer et signaler. Il a d’abord servi à tester le traitement des données de bout en bout. Les informations ont été triées manuellement et leur validité évaluée à l’aide d’une application d’intelligence artificielle (IA), le but étant d’identifier les fausses annonces. La cybersécurité a joué un rôle déterminant lors de cet essai. Les contenus ont été transférés vers un collecteur de données. Les données pertinentes du point de vue militaire ont alors été filtrées au moyen d’une application IA, mais aussi par tri manuel. Vous trouverez plus d’informations sur l’essai ici.

Déroulement optimal

Tous les messages envoyés par des militaires ont été reçus. Les informations arrivaient sous forme d’images, de textes et de vidéos. Les images présentaient une qualité suffisamment élevée. Les messages servaient de vecteur d’information supplémentaire à la cellule de renseignement pour appréhender la situation militaire. Par ailleurs, ce projet innovant est adapté à la milice, car les militaires utilisent déjà Threema. Le collecteur de données a agrégé les messages en fonction de l’emplacement et du créneau horaire. De plus, un message devait provenir d’au moins deux sources indépendantes (identifiants Threema) et contenir des objets reconnaissables par l’outil d’IA, comme des avions, des véhicules ou des personnes.

Les exigences légales ayant été appliquées lors du traitement des données, les visages et numéros d’immatriculation ont ainsi été rendus méconnaissables. Grâce au réseau 4/5G disponible, les informations apparaissaient en quelques secondes dans le système concerné.

Utilisation de l’IA dans les projets innovants

Deux outils d’IA ont été utilisés dans le cadre de l’essai sur le terrain. Tous deux ont fourni de très bons résultats et conviennent bien comme systèmes de production. Le modèle d’IA « Yolo AI Model » a été testé sur une plateforme d’armasuisse W+T. Cela signifie qu’il a été hébergé sur un serveur de l’Armée suisse. L’outil d’IA « RAM » (Recognize anything Model) a nécessité plus de ressources que prévu initialement pour assurer la disponibilité temporelle des cartes graphiques ; cela a toutefois pu être amélioré pendant l’essai sur le terrain.

Dans le cadre des préparatifs et de la réalisation de l’essai sur le terrain, la collaboration avec des partenaires internes et externes a également pu être testée. Elle s’est déroulée de manière très ciblée, avec un fort engagement de tous les participants en faveur de la réussite de l’essai et de la mise en œuvre ultérieure des enseignements tirés.

Futures améliorations en cas de mise en œuvre

L’essai sur le terrain a révélé qu’une surcharge du réseau 4/5G ralentissait la transmission des messages envoyés par les militaires. Comme le collecteur de données saisissait le moment de la réception, cela entraînait une divergence d’actualité des données.

Les militaires qui envoyaient une photo ou une vidéo précisaient aussi l’emplacement. Comme l’application Threema permet de fournir une géolocalisation, la possibilité de la falsifier ne peut être exclue. Threema est déjà en train d’élaborer des solutions pour que les données de localisation ne puissent pas être falsifiées.

Du projet novateur à sa mise en œuvre

À l’heure actuelle, les militaires signalent les événements par la voie hiérarchique et les indications de la population parviennent à l’armée via les médias sociaux. Dans les deux cas, différentes discontinuités dans les médias empêchent l’information d’arriver fidèlement et en temps réel dans les systèmes de présentation de la situation. Après l’essai réussi sur le terrain, le projet innovant « Utiliser les smartphones des militaires comme capteurs » doit maintenant être développé pour devenir un service qui sera exploité sur la nouvelle plateforme de digitalisation (NPD). Pour ce faire, les technologies existantes comme « Threema on premise » serviront de base et seront intégrées au développement du projet. Ce nouveau service permettra à l’avenir d’inclure les militaires comme sources d’information. En cas de crise, les citoyens doivent également pouvoir, sur une base volontaire, transmettre des données et des informations à l’Armée suisse. Avec cette innovation, l’armée s’oriente en fonction des enseignements tirés de la guerre en Ukraine. Ce conflit a notamment montré que la population peut apporter une plus-value lorsqu’il s’agit de compléter l’image militaire de la situation en l’enrichissant de données et d’informations.