Rénovation de l’infrastructure au camp CSNN : vivre et travailler sur un chantier
En tant que membre de la Commission de supervision des nations neutres en Corée (CSNN), la Suisse envoie depuis 70 ans des militaires dans la péninsule coréenne. Aujourd’hui, cinq délégués suisses et cinq délégués suédois veillent sur place à ce que les conditions de l’armistice signé en 1953 entre la Corée du Sud et la Corée du Nord soient bien respectées. Ils vivent et travaillent au camp de Panmunjom, qui se trouve au sud de la ligne de démarcation. L’année passée, il a fallu entreprendre des travaux généraux afin de rénover l’infrastructure du camp, qui ne répondait plus aux normes actuelles.
Le camp CSNN est à Panmunjom, tout près de la zone de sécurité commune (Joint Security Area, JSA), là où se dressent les baraquements bleus destinés aux négociations. Une passerelle en bois, elle aussi de couleur bleue, relie la JSA avec le camp, qui se trouve directement au sud de la ligne de démarcation entre les deux Corées, dans les collines, à 40 m au-dessus du niveau de la mer. Le site d’environ 800 m2 est sécurisé par une clôture de barbelés s’étendant sur 1 km. Aujourd’hui, la région est couverte de forêts denses et s’apparente à un parc naturel préservé, abritant une faune et une flore riches et variées.
Le camp comprenait à l’origine 24 bâtiments, plus précisément des cabanes Quonset. De diverses grandeurs, ces dernières ont été construites dans les années 1950 et 1960 par les forces armées américaines, pour remplacer les tentes militaires à six places. Les murs étaient en tôle ondulée, ce qui facilitait grandement le montage et le démontage et permettait d’ajouter des extensions si nécessaire. Au camp CSNN, ces baraques servaient principalement de bureaux, de salles de réunion, de cuisine, de cantine, d’espaces communs, de logements, de locaux à usage multiple et d’entrepôts pour les délégations CSNN suisses et suédoises ainsi que pour leurs hôtes. À l’origine, l’idée était d’utiliser ces baraques temporairement ; or, des décennies plus tard et en dépit d’un entretien des plus minimaux, elles étaient malheureusement toujours là. L’étanchéité des toitures laissait à désirer, tout comme l’isolation des fenêtres et l’état des installations sanitaires. Quant aux systèmes de chauffage et d’aération, ils brillaient par leur inefficacité ; les exploitants de l’infrastructure devaient par conséquent faire face au quotidien à la prolifération de moisissures et de vermine. Comme ces bâtiments ne répondaient plus aux normes actuelles, il a fallu les remplacer.
Étant donné que l’entretien et le financement du camp incombent aux forces armées américaines, ce sont elles qui ont initié en janvier 2022 la phase de planification et de mise en œuvre des travaux généraux. Après attribution des moyens financiers requis, la direction des travaux publics des forces armées américaines a pris la tête du projet, confiant certaines tâches à des entreprises locales. Les délégations suisses et suédoises ont pu faire part de leurs besoins et de leurs souhaits, quoique de manière limitée.
En automne 2022, des machines de chantier ont investi le camp et démantelé de premiers bâtiments. Les travaux de démolition et de reconstruction des infrastructures concernées se font par étapes et doivent être menés à bien dans un délai de deux ans. Il s’agit notamment de remplacer la passerelle en bois menant aux baraquements bleus ainsi que la clôture de sécurité. De nouvelles constructions remplaceront le bâtiment polyvalent comprenant la cuisine, la cantine, les salles de formation et les entrepôts, ainsi que les édifices abritant les espaces communs et l’accueil. La maison où vit et travaille le remplaçant du chef de la délégation suisse, tout comme les bureaux et les logements de la délégation suédoise, seront aussi reconstruits à neuf ; quant aux bureaux et aux logements des militaires suisses, ils ont déjà été rénovés en 2006, dans le cadre d’un projet pilote.
Lors de ces travaux, il faut parfois compter avec plus de 100 personnes supplémentaires dans l’enceinte du camp, ainsi qu’avec la présence de nombreuses machines de chantier et de divers véhicules. Pour des raisons de sûreté, ces personnes doivent être accompagnées et surveillées par un bataillon de sécurité des Nations Unies, ce qui constitue une charge supplémentaire énorme pour la troupe. Comme les deux délégations vivent et travaillent sur place durant tout le chantier, il faut trouver des solutions provisoires. Les processus sont souvent initiés à très court terme, sans information préalable suffisante : tous les membres de la CSNN doivent donc faire preuve d’une grande faculté d’adaptation pour pouvoir effectuer les tâches qui leur incombent malgré des conditions changeantes.
Outre l’accomplissement de leur mission, qui est en tout temps au centre des préoccupations, les délégués suisses et suédois doivent s’attendre durant deux ans à une charge de travail supplémentaire et prouver au quotidien qu’ils sont capables de faire des compromis et de se montrer flexibles. Ces travaux de rénovation sont absolument nécessaires et toutes les entreprises impliquées font de leur mieux pour les accomplir le plus efficacement possible afin de ne pas déranger les personnes qui séjournent sur le site. Si tout se déroule selon les planifications établies, les dernières machines de chantier quitteront le camp en automne 2024.


