Les officiers d’état-major général, ambassadeurs de l’Armée suisse
« Depuis le sommet du Pilatus à Lucerne, on a une excellente vue d’ensemble. Je vais essayer de vous en donner une tout aussi bonne aujourd’hui ». C’est en ces mots que le brigadier Daniel Lätsch, commandant des écoles d’état-major général (EEMG), a entamé son allocution de bienvenue aux quelques 180 invités de la journée Esprit de corps de la Société suisse des officiers d’état-major général. Parmi les participants à cette manifestation traditionnelle, qui s’est déroulée le 15 février 2017, se trouvaient entre autres le commandant de corps Dominique Andrey, le divisionnaire Daniel Keller, commandant de la Formation supérieure des cadres de l’armée ainsi que le divisionnaire Jean-Marc Halter, chef de l’état-major de conduite de l’armée.
15.02.2017 | Comm FSCA

Le discours du brigadier Lätsch a porté principalement sur les menaces modernes et la conduite de l’armée. Il a ainsi déclaré : « Les guerres économiques ou cybernétiques et les attaques terroristes affaiblissent les pays, bien avant que les forces armées conventionnelles n’attaquent ». Selon lui, les conflits modernes ont un statut hybride, et la frontière entre guerre et paix est parfois floue.
Le cdt EEMG a ensuite abordé le règlement Conduite et organisation des états-majors de l’armée 17 (COEM 17). Si les différences avec le COEM XXI ne sont pas fondamentales, Daniel Lätsch a tout de même affirmé qu’un grand pas en avant avait été fait. Désormais, la conduite n’est plus envisagée seulement comme la planification puis l’exécution, mais plutôt comme un processus permanent qui comprend le suivi de la situation, la planification et la donnée d’ordre. « Ce qui compte avant tout à l’engagement, ce ne sont pas les processus mais la conduite et la compréhension de la doctrine » a-t-il rappelé.
Le professeur Reto Francioni, ancien président directeur général de l’entreprise Deutsch Börse AG a été le premier invité à donner un exposé, sur le thème « Bourse et mondialisation : est-ce le début du Siècle asiatique ? ». Tout d’abord, le docteur en droit a expliqué le fonctionnement des chaînes de création de valeur des organisation boursières. Selon lui, un pays qui veut être reconnu sur la scène internationale doit avoir sa propre organisation boursière. Il a ensuite parlé des tendances stratégiques mondiales, en évoquant l’Asie et plus particulièrement la Chine : « En 2015, alors que le PIB des Etats-Unis augmentait de 2,6 % et celui de l’Europe de 2,2 %, la Chine a enregistré une augmentation de son PIB de 6,9 %, avec une tendance à la hausse. » Et elle est loin devant les autres dans le commerce de matières premières. « L’Asie est en pleine croissance », a ainsi résumé l’expert boursier.
Après une visite de quelques salles de classe de l’EEMG, le brigadier Lätsch a convié les personnes présentes à écouter le discours du chef de l’Armée, le commandant de corps Philippe Rebord. Ce dernier s’est déclaré honoré d’endosser cette fonction, et a affirmé qu’il entendait assurer une vraie continuité avec le travail entrepris par son prédécesseur. « A l’heure actuelle, nous n’avons plus besoin de nouvelles idées pour le DEVA. Nous avons simplement besoin qu’il soit mis en œuvre », a-t-il déclaré, en rappelant que la route vers le succès serait longue et tortueuse. Il a ensuite évoqué, comme cadre d’élaboration du DEVA, l’insécurité croissante à l’échelle mondiale : migrations, terrorisme et tensions entre les grandes puissances. Si, selon les experts du renseignement, la Suisse n’est pas dans le collimateur des terroristes, ces derniers sont bel et bien présents sur le continent européen. « Et notre armée doit être prête à se battre, à venir en aide et à protéger », n’a pas manqué de rappeler le chef de l’Armée.
Aux nombreux officiers d’état-major présents ce jour-là, le cdt C Rebord a déclaré : « Vous êtes des ambassadeurs importants de notre armée. J’attends de vous que vous soyez acteurs de cette réforme et que vous vous investissiez dans sa mise en œuvre ». Il a ensuite affirmé que le DEVA était absolument nécessaire et visait à offrir à la Suisse et à sa population des prestations de qualité. Et de conclure : « Pour cela, je compte sur vous et votre soutien ».